Au Cambodge, la résistance des gonocoques aux antibiotiques est préoccupante

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Patrick GEROME , le 20/06/2024

Un article récent publié dans la revue Emerging Infectious Diseases rapporte les résultats d’une étude menée au Cambodge dans le cadre du programme de surveillance antimicrobienne renforcée des gonocoques (EGASP) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a été mis en place en 2020.

Dans ce cadre, 72 isolats de Neisseria gonorrhoeae (gonocoque) issus de prélèvements d’écoulement urétral effectués dans 6 cliniques sentinelles à Phnom Penh et 4 cliniques sentinelles dans les provinces voisines ont été étudiés. Pour l’étude, les concentrations minimales inhibitrices (CMI) de six antibiotiques ont été déterminées (ceftriaxone, cefixime, azithromycine, pénicilline G, ciprofloxacine, spectinomycine) et des analyses génomiques ont été pratiqués.

Des concentrations minimales inhibitrices (CMI) supérieures ou égales au seuil d’alertes EGASP pour la ceftriaxone (0,125 mg/L) et la céfixime (0,25 mg/L) – deux options thérapeutiques de première intention pour la gonorrhée – ont été détectées chez 22 (31%) des 72 isolats, une proportion similaire à celle rapportée en 2022 (38%). Neuf isolats (12,5 %) présentaient un phénotype XDR, qui combine une résistance à la ceftriaxone et une résistance de haut niveau à l’azithromycine (256 mg/L ou plus), et tous appartenaient au même type de séquence (ST-16406). Ce chiffre est en hausse par rapport aux 4 % enregistrés en 2022. En outre, le pourcentage d’isolats présentant une résistance élevée à la ciprofloxacine et à la pénicilline est resté élevé (82 % à 97 %).

L’analyse génomique de 54 isolats avec des CMI d’alerte à la ceftriaxone en 2022 et 2023 a révélé que 50 d’entre eux portaient la même mutation de résistance (l’allèle penA-60.001), et 4 hébergeaient des mutations récemment décrites ou nouvelles. En outre, seuls 8 isolats sur 52 ont été regroupées avec un clone résistant à la ceftriaxone largement disséminé (FC428).

Les auteurs concluent que ce travail fournit des preuves supplémentaires de la transmission durable de souches de N. gonorrhoeae présentant des CMI élevées pour la ceftriaxone et de l’expansion accrue des isolats de phénotype XDR. En outre, des souches présentant des CMI élevées pour la ceftriaxone continuent d’émerger de manière distincte du clone FC428 précédemment décrit, ce qui constitue une menace importante pour la lutte contre les infections gonococciques.

Ils ajoutent que ces résultats, combinés à des rapports récents faisant état d’une résistance croissante à la ceftriaxone en Chine, soulignent la nécessité d’accorder la priorité à la surveillance de la résistance antimicrobienne des gonocoques dans toute la région Asie-Pacifique.

Source : Emerging Infectious Diseases

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