« Ce n’est pas tous les jours que les dieux voyagent » : le Vishnou, chef-d’œuvre d’Angkor, est arrivé en France

Le Vishnou, unique exemplaire du genre, est l’une des plus belles collections d’art Khmer.
Cette statue de bronze du XIᵉ siècle vient d’arriver en France afin d’être restaurée puis exposée à Paris en 2025.
TF1 est parti au Cambodge sur les traces de cette divinité, retrouvée en 1936 à Angkor.

À Phnom Penh, la capitale du Cambodge, quelques immeubles ont bien poussé dans certains quartiers. Le trafic s’est un peu densifié. Mais dans cette ville moderne, un bâtiment résiste, comme retranché du temps qui passe. Il s’agit du musée national du Cambodge, conçu dans les années 1920 par un architecte français. Cet endroit abrite l’une des plus belles collections d’art Khmer, avec une salle fermée au public et dédiée à une divinité bienveillante : Vishnou.

Cette statue de bronze en position allongée a mesuré par le passé plus de six mètres de long. Ce fragment, aujourd’hui très corrodé, est toujours vénéré, notamment par des diplomates et des ministres cambodgiens. « C’est quand même une divinité, donc il faut qu’on ait les yeux plus bas que les siens », indique Pierre Baptiste, conservateur au musée national des arts asiatiques Guimet, à Paris, venu de France. « C’est le plus grand bronze de notre musée, il nous vient du XIᵉ siècle. C’est le seul de tout le pays et sans doute aussi le seul de toute l’Asie du Sud-Est », précise Chay Visoth, directeur du musée national du Cambodge. 

Offrandes et prières avant son départ

Cette pièce maîtresse du musée national du Cambodge, dotée d’un regard à nous emporter dans sa méditation, ne dispose que très rarement d’une autorisation de sortie. Mais, exceptionnellement, le Cambodge a consenti à la laisser venir jusqu’à la France. Ce Vishnou souriant, arrivé dans l’Hexagone en mai dernier, sera le clou d’une exposition sur les bronzes khmers qui se tiendra à Paris, au Musée Guimet, en 2025. Mais, avant cela, la statue va passer quelque temps au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), pour un grand programme de restauration.

« Aujourd’hui c’est le grand jour car c’est le départ d’un dieu et ce n’est pas tous les jours que les dieux voyagent », affirmait avant son départ à TF1 Sackona Phoeurng, ministre de la Culture du Cambodge. Comme elle, de nombreux Cambodgiens ont réalisé des offrandes et des prières lors d’une cérémonie organisée avant son départ, en espérant que le Vishnou allait voyager sereinement.  

Ce dieu géant forgé par des artisans est né sur le fameux site archéologique d’Angkor, un ensemble de 200 temples qui fut l’ancienne capitale de l’Empire Khmer pendant 600 ans durant le Moyen-Age. L’un des monuments de ce site, Angkor Vat, est devenu l’emblème du pays, le seul à figurer sur un drapeau national. Ce temple, l’une des sept merveilles du monde, est photographié chaque année par 500.000 touristes.

Un mystérieux songe

Pour suivre la piste du Vishnou, TF1 a poursuivi son voyage en dehors des sentiers touristiques. Notre équipe a embarqué sur une barge pour traverser le plus grand bassin d’Angkor, de huit kilomètres de long, appelé le « baray », afin de se rendre au temple du Mébon occidental. La sculpture du Vishnou couché a en effet été découverte sur cette île artificielle en 1936 par le conservateur français Maurice Glaize. La légende raconte que si cette statue est réapparue, c’est grâce aux indications sur son emplacement fournies par un Cambodgien… après un mystérieux songe. 

C’est sur ces indications que Maurice Glaize et l’architecte Henri Marchal ont pu réaliser une fouille déterminante. Près de 90 ans plus tard, grâce à la réalité augmentée, il est possible de simuler la présence du Vishnou précisément là où était cette miraculée de l’histoire.


La rédaction de TF1info | Reportage : Florence Leenknegt, Axel Charles-Messance

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