LIDW 2024 : Congrès des institutions arbitrales

La troisième journée de la London International Disputes Week (« LIDW ») a été marquée par une discussion approfondie (le « Congrès des institutions arbitrales »« ) par des représentants de diverses institutions d’arbitrage dans la salle historique du Parlement à Middle Temple, co-organisée par McNair, Clyde & Co et Osborne Clarke. Cet article résume les discussions tenues lors de l’événement.

Statistiques et opinions de la CEI, du CCG, de l’Europe et de l’Amérique du Sud

La première session de l’événement a réuni des représentants des principales institutions d’arbitrage de la Communauté des États indépendants (« CEI »), du Conseil de coopération du Golfe (« CCG »), de l’Europe et de l’Amérique du Sud, partageant leurs points de vue sur les derniers développements et tendances en matière d’arbitrage. au sein de leurs régions.

Le panel était composé de Yuliya MullinaDirecteur général du Centre d’arbitrage russe (« RAC »), Jacob KnudMembre du conseil d’administration de la Chambre de commerce de Stockholm (« CSC »), Simon DemaurexConseiller juridique au Centre d’Arbitrage Suisseet Ricardo ApriglianoVice-président du Centre d’arbitrage et de médiation de la Chambre de commerce Brésil-Canada (« CAM-CCBC »). Alors que le Centre d’arbitrage international de DubaïLe représentant de la DIAC n’a pas pu assister à l’événement, un message sur les développements réalisés par la DIAC a été partagé par son Greffier. La session était modérée par Khawar Qureshi.

En guise d’introduction, la DIAC a fait état d’une augmentation de 4,4% des dossiers enregistrés en 2023, les litiges immobiliers et de construction représentant 60% de sa charge de travail. L’institution a mis en place de nouvelles règles pour accélérer les procédures et garantir la diversité dans les nominations des arbitres, les femmes représentant 31 % des arbitres nommés en 2023. La DIAC se concentre fortement sur les parties internationales, au service de clients de 49 pays, dont le Royaume-Uni, l’Inde et les États-Unis.

En ce qui concerne Moscou, le RAC a administré 362 litiges en 2023, avec une augmentation significative des affaires internationales, passant de 6 en 2020 à 81 en 2023. L’institution est non gouvernementale et non sanctionnée, garantissant le bon fonctionnement malgré les défis géopolitiques. Le RAC met l’accent sur la convivialité et vise à continuer d’étendre sa présence internationale, après avoir récemment ouvert un bureau en Inde.

La CSC a été fondée en 1917 et est devenue une instance neutre clé pour les différends Est-Ouest à la suite d’un accord de 1977 entre les États-Unis et l’URSS (l’accord sur la clause facultative).), renforçant sa position mondiale. En 2023, l’institution a traité 175 dossiers, contre une baisse à 143 dossiers en 2022, maintenant sa charge de travail annuelle moyenne de 170 à 215 dossiers au cours des 20 dernières années. Il a été souligné que tous les arbitrages accélérés administrés par la CSC se sont conclus dans un délai de six mois et que 77 % des cas ont été résolus dans un délai de 18 mois.

Suite à sa restructuration en 2021, le Centre d’arbitrage suisse a enregistré 100 nouveaux dossiers en 2023, principalement dans les domaines du négoce de matières premières, de la construction et de l’industrie pharmaceutique. Le Centre affiche un taux d’efficacité élevé, avec 45% des dossiers suivant des procédures accélérées et un montant moyen des litiges de 22 millions de CHF. Le Centre met également l’accent sur la diversité, avec 50 % de ses nominations d’arbitres étant des femmes.

Célébrant son 45e anniversaire, CAM-CCBC a traité 138 nouveaux cas en 2023, avec un montant moyen de litige de 17 millions de GBP. L’institution a mis à jour ses règles pour mieux traiter les litiges entre entreprises et met l’accent sur la transparence et la diversité, avec 40 % de ses arbitres étant des femmes. CAM-CCBC se distingue par son efficacité, avec une durée moyenne des dossiers de 21 mois.

Dans l’ensemble, les panélistes ont souligné le recours croissant aux audiences virtuelles, entraîné par la pandémie de COVID-19. Ce changement offre une rentabilité, une accessibilité plus large et des avantages environnementaux. Cependant, il a été convenu que les affaires complexes nécessitent encore souvent des audiences en personne pour un interrogatoire efficace des témoins.

L’importance de maintenir des positions favorables à l’arbitrage au sein des juridictions où ils sont basés a été soulignée par toutes les institutions, ainsi que, connexe, de garantir l’application rapide et un minimum de contestations réussies des sentences arbitrales. La session a en outre souligné la nature dynamique de l’arbitrage international et l’engagement des institutions d’arbitrage à s’adapter et à innover afin de garantir des processus de règlement des différends équitables, efficaces et diversifiés.

Le rôle évolutif des institutions d’arbitrage : le point de vue des grandes institutions

La deuxième session a été modérée par le professeur Loukas Mistelis et mettait en vedette Luis MartinezVice-président du Centre international de résolution des litiges de l’American Arbitration Association (« AAA-ICDR »), Ismail Selim« double casquette » en tant que représentant du Centre régional du Caire pour l’arbitrage commercial international (« CRCICA ») et la Fédération internationale des institutions d’arbitrage commercial (« IFCAI »), Jamie Harrisonau nom de la Cour d’arbitrage international de Londres (« LCIA »), Colleen Parker Bacquetau nom de la Chambre de Commerce Internationale (« ICC ») et Kevin Nash du Centre d’arbitrage international de Singapour (« SIAC ») en tant que conférenciers.

Le modérateur a lancé la discussion en mettant chaque panéliste au défi de présenter un « argumentaire éclair » de quatre minutes sur leurs institutions respectives. Les pitchs exécutés avec précision ont jeté les bases de toute la discussion. L’événement s’est déroulé selon la règle de Chatham House.; par conséquent, ce billet de blog n’offre qu’un aperçu général des questions sans révéler l’identité ou l’conseil des intervenants.

Technologie
Ce qui semblait être le point commun parmi les « argumentaires éclairs » était l’importance de traiter la question de la technologie avec soin et efficacité. Les panélistes ont déclaré que les institutions sont déjà prêtes à utiliser l’intelligence artificielle comme mécanisme pour améliorer la célérité des procédures et les rendre plus rentables. L’utilisation d’outils innovants en médiation était également un aspect intéressant soulevé par les panélistes.

Diversité
La séance a également abordé le sujet pertinent et important de la diversité dans l’arbitrage international. Les institutions déploient des efforts considérables pour accroître la représentation des femmes dans les tribunaux arbitraux et encourager les premières nominations, dans le but de former un marché plus pluraliste et diversifié. Il est intéressant de noter qu’en matière de diversité, les nominations faites par les institutions tendent à promouvoir davantage le pluralisme des genres que celles faites par les partis. À ce sujet, les panélistes ont également souligné à l’unanimité que les efforts visant à accroître la diversité doivent englober non seulement la diversité des genres, mais également favoriser les opportunités pour les autres minorités.

Interaction avec les tribunaux locaux et la présence locale
Une autre question pertinente abordée lors de la session était l’importance d’une interaction efficace et fluide entre les institutions d’arbitrage et les tribunaux locaux. Les panélistes ont souligné l’importance des institutions qui dialoguent entre elles, dans le but d’échanger des expériences positives et d’améliorer les services d’arbitrage à l’échelle mondiale. Sur cette question, certains panélistes ont également souligné l’importance qu’une institution mondiale soit physiquement implantée dans plusieurs pays différents, disposant sur le terrain de praticiens locaux, expérimentés et formés dans des cultures différentes.

Nature des sinistres traités par les institutions
Concernant les types de réclamations administrées par les institutions, les panélistes ont signalé une augmentation des questions liées à l’ESG, aux litiges liés à la transition énergétique, ainsi qu’aux arbitrages de masse ou de classe. Il a également été noté que certaines institutions proposent un mécanisme d’appel pour ces réclamations, malgré la controverse qui y est associée.

Le pluralisme des institutions d’arbitrage dans le monde d’aujourd’hui : une institution d’arbitrage pour tout différend

La troisième session était animée par Artem Doudko et Greg Fullelove (Osborne Clarke), et était composé de représentants de cinq institutions d’arbitrage de premier plan : Stefano AzzaliDirecteur Général de la Chambre Arbitrale de Milan (« CAM »), Christopher Champhell-HoltRegistraire et directeur général du Centre financier international d’Astana (« AIFC »), Camilla PereraSecrétaire général de l’Institut néerlandais d’arbitrage (« NAI »), Mark ForteDirecteur du Centre d’arbitrage international des îles Vierges britanniques (« BVIAC ») et Bryce WilliamsConseiller juridique à la Cour permanente d’arbitrage (« APC »).

La session a débuté par un discours d’ouverture du Rt. L’hon. Seigneur Burnett de Maldon (Juge en chef, Tribunal AIFC). Lord Burnett a souligné la nature du rôle joué par les tribunaux en matière d’arbitrage, notamment dans l’exécution efficace des sentences. Il s’est appuyé sur des exemples tirés du succès du Centre d’arbitrage de l’AIFC grâce au tribunal spécial de l’AIFC, qui s’occupe de l’exécution des sentences rendues par le Centre. Cependant, Lord Burnett a également reconnu la nécessité de faire preuve de prudence de la part des tribunaux lorsqu’ils traitent d’exécutions étrangères en raison de récompenses obtenues par fraude. Une attention particulière a été accordée aux cas récents de P&ID et Partenaires Contax.

Après le discours d’ouverture, les panélistes ont d’abord discuté du rôle joué par les institutions dans la promotion de l’arbitrage. Il y a eu un accord unanime sur la nécessité pour les institutions arbitrales de maintenir des normes de service élevées, que le panel a comparé avec humour à la qualité de services d’un bon restaurant italien. L’accent a en outre été particulièrement mis sur la nécessité de garantir l’indépendance et l’impartialité afin d’instaurer la confiance dans le système. Le panel a convenu de la nécessité de services flexibles, efficaces et rentables de la part des institutions d’arbitrage, et d’être proactif et courageux pour garantir l’efficacité.

Le panel a également exploré la nature généraliste ou spécialisée des institutions d’arbitrage. Bien que les établissements généralistes soient plus répandus et plus efficaces, le panel a reconnu le mérite de la spécialisation dans certains cas. Par exemple, le NAI réalise des spécialisations efficaces dans des secteurs tels que l’aviation, la finance et l’art, en fonction de la demande des utilisateurs. Le fait de disposer de processus à la fois spéciaux et généraux dans les institutions d’arbitrage permet aux utilisateurs de choisir un processus qui répond mieux à leurs besoins en matière de règlement des différends.

Les panélistes ont discuté de la synergie entre les tribunaux et les institutions arbitrales, suite aux remarques de Lord Burnett. Les panélistes ont souligné la nécessité d’une relation de coopération avec les tribunaux, en particulier lors de l’obtention de mesures provisoires et lors de l’exécution transfrontalière.

En conclusion de la séance, les panélistes ont partagé une compréhension commune : les institutions d’arbitrage, tout en semblant compétitives, s’efforcent de coopérer pour promouvoir l’arbitrage à l’échelle mondiale. Selon les intervenants, il n’existe pas aujourd’hui de « ring de boxe ». Cet esprit de coopération est considéré comme crucial pour maintenir la réputation et l’efficacité de l’arbitrage en tant que mécanisme de règlement des différends.

Remarques finales

L’événement a souligné la nécessité pour les institutions d’arbitrage d’être adaptatives, proactives et collaboratives, garantissant des normes élevées de service et de confiance dans le processus d’arbitrage. Une approche avant-gardiste de l’arbitrage, associée à un engagement à répondre aux besoins changeants en matière de règlement des différends mondiaux et de coopération avec les tribunaux et entre eux, est essentielle.