Rithy Panh se dresse contre les idéologies génératrices de génocides

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Rendez-vous avec Pol Pot de Rithy Panh n’est pas qu’un film sur le génocide cambodgien, tant s’en faut. La descente aux enfers de trois journalistes français découvrant le pays en 1978 marque le retour du réalisateur à la fiction pour décrire un pays exsangue sous le joug du dictateur et des Khmers rouges. « J’aime l’expression « travail de mémoire », précise le cinéaste. Cela veut dire qu’on ne lâche pas l’affaire et qu’on se bat jusqu’à être entendu pour éviter que les choses nous reviennent dans la figure. »

Cette tragédie brillamment interprétée par Irène Jacob, Grégoire Colin et Cyril Gueï fait découvrir la poignante désillusion d’intellectuels français confrontés à la cruelle réalité du régime. « A l’époque, les gens se laissaient berner par l’idéologie, se souvient le réalisateur sexagénaire. J’aimerais dire que les choses ont changé aujourd’hui, mais ce n’est pas vraiment le cas. »

Ne pas parler que du Cambodge

Les personnages du film réagissent chacun à sa façon devant l’horreur. Et le réalisateur utilise parfois des figurines pour filmer ce qu’il ne peut montrer, laissant le public imaginer l’inimaginable. « Ce film fait aussi écho à ce qui se passe aujourd’hui ; je raconte l’histoire du Cambodge parce que c’est la mienne mais j’aimerais que les spectateurs voient plus loin. Les crimes génocidaires ne sont pas limités à mon pays : ils se répètent encore et toujours sans que rien ne soit fait pour enrayer le processus. » La désinformation est l’un des thèmes majeurs du film.

Se lever contre la violence

Rithy Pahn n’est pas très optimiste pour l’avenir quand il regarde l’actualité. « Les choses n’ont pas évolué et les nouvelles technologies rendent des techniques de manipulation aussi vieilles que le monde toujours plus efficace. La dictature de l’immédiateté formate tout. Sans laisser la moindre place pour la réflexion. On se laisse endormir par la vitesse de l’information. » Il garde cependant l’espoir de voir les jeunes défendre des idées généreuses et se réjouit de les voir nombreux et concernés aux avant-premières de son film.

« Il faut se lever tous contre toutes les violences de quelque côté qu’elles soient, déclare-t-il. Il faut pointer ces sujets du doigt dans l’espoir d’ouvrir la discussion. Parler, c’est le début de la résistance. » Filmer aussi. Ce que démontre Rendez-vous avec Pol Pot.

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